Le garçon devait avoir un an ou deux de moins que Dot, c'était un petit gars joufflu qui était assis par terre, les jambes écartées, avec des yeux noirs qui fixaient sa visiteuse innatendue avec curiosité. des mèches de cheveux bruns retombaient sur son large frond, ses vêtements étaient propres, bien que taillés dans de la toile grossière.
Il avait interrompu son jeu et fixait Dot depuis un moment, puis il détourna timidement le regard et plongea sa main dans les cailloux d'un air embarrassé.
« Qui es tu ? » demanda calmement la fillette, avec le sens de l'à-propos particulier chez les jeunes enfants, puis elle continua à regarder le garçon avec l'intérêt d'un explorateur découvrant un nouveau spécimen.
« Tot. » répondit il tout bas.
« Tot comment ? » demanda-t-elle.
"Tot Tompum," murmured the boy.
"Tompum! That doesn't mean anything," said Dot, deci."dedly.
« Tot Tompum. » murmura le garçon.
« Tompum ! Çà veut rien dire du tout. » déclara Dot avec assurance.
Ces propos intransigeants semblaient contrarier le petit bonhomme, il leva les yeux avec hésitation et répondit un peu plus fort :
« Papa Tompum coupe l'herbe et fait pousser les fleurs, moi je suis Tot Tompum. »
« Oh, » dit Dot, « tu veux dire Thompson. Je sais que Thompson c'est le jardinier, et que les jardiniers font pousser les fleurs et coupent l'herbe. »
Le garçon hocha la tête deux fois, comme pour lui dire qu'elle avait raison.
« L'jardinier, » répéta-t-il, « c'est Papa Tompum, moi, c'est Tot Tompum. »
Il rassembla son courage pour relever les yeux, il vit le visage amical et souriant de Dot, puis il lui demanda hardiment :
« Moi, je suis Dot, » répondit elle en s'asseyant à côté de lui, « mon nom entier c'est Dot Freeland. »
« Dot Filande, » dit Tot.
« Freeland. » corrigea Dot.
« Filande. » répéta Tot.
« Bon, c'est pas grave, » dit la fillette en riant, « si on jouait ensemble ? Qu'est ce que tu fais avec ces cailloux ? »
« Je joue aux osselets, » dit le garçon en saisissant gravement cinq des ses petits cailloux blancs, tous à peu près de la même taille, il les lança en l'air et tenta de les rattraper sur le dos de sa main, il y en eut deux qui tombèrent et Dot se mit à rire. Le garçon rit aussi et réessaya. En un rien de temps ils devinrent de bons amis, il riaient et bavardaient aussi joyeusement que s'ils s'étaient connus depuis des mois.
En entendant leurs voix, la mère de Tot était venue à la porte de sa cabane, en voyant que la nouvelle compagne de jeux de son fils était la "p'tite demoiselle du manoir", elle sourit et retourna à son travail.
« Viens, Tot, » l'interpella-t-elle, « allons voir ton père à son travail, je l'ai vu ce matin, il était en train de planter un massif de fleurs. »
Tot se dressa sur ses pieds et vida son chapeau de tous ses cailloux blancs et le mit sur sa tête, il l'avait placé tellement en arrière que Dot se demandait comment il ne tombait pas.
« Allons voir Papa Tompum. » dit il en trottinant à côté de sa nouvelle amie.
Thompson, le jarinier, était très surpris de voir son petit garçon se promener main dans la main avec la fille du riche banquier, et parler ensemble aussi familièrement que s'ils se connaissaient depuis des années. Mais Thompson savait que c'était Dot qui commandait dans cette résidence et qu'elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait, il ne protesta pas.
En regardant les enfants courir dans des endroits où, d'habitude, Tot n'avait pas le droit de jouer, Thompson était fier de voir que la "p'tite demoiselle" avait choisi son fils comme compagnon de jeu, c'était une position très honorable.
Il ne protesta pas non plus quand ils fonçaient à travers les massifs de fleurs et laissaient les empreintes de leurs petits pieds dans la terre molle, car Dot tenait fermement Tot par la main qui la suivait docilement partout où elle l'emmenait.
Les grandes roses rouges attirèrent son attention, elle arracha impitoyablement une poignée de têtes qu'elle disposa sur le chapeau de Tot et sur le sien. Pendant ce temps, le pauvre jardinier qui avait tant pris soins de ces fleurs, soupirait de tristesse devant cette insouciance, et même la cruauté avec laquelle la jeune maitresse de maison les détruisait.
Mais Dot avait conscience qu'elles lui appartenaient et qu'elle pouvait disposer de ces roses comme bon lui semblait. Quant à Tot, qui se sentait un peu coupable, il rejetait sagement toute la responsabilité sur sa compagne, et admirait la manière dont elle considérait tout ce qui se trouvait là comme sa propriété.
Lorsque la cloche du dîner résonna depuis la maison et que Dot s'apprêtait à y aller, elle lui dit :
« Demain, j'apporterai un panier avec des sandwichs et des gâteaux, on pique-niquera au bord de la rivière. »
« D'accord ! » répondit Tot, puis il retourna à la cabane de son père en courant.
C'était, pour lui, une journée mémorable, car il avait trouvé une formidable compagne de jeu.